C’est le printemps, il fait doux… et les pollens vous polluent la vie. Si vous êtes à Paris, j’espère que cette carte croisant les données de la mairie de Paris avec la typologie des arbres au pire « potentiel allergisant » vous aidera. Allergiques parisiens, unissons-nous!
Depuis quelques jours, vos yeux picotent, votre gorge est irritée, votre nez coule… Vous ne seriez pas un peu allergique, par hasard? Comme un bon quart des Français, votre « rhume des foins » est lié à une allergie aux pollens d’arbres ou d’arbustes. Toutes les familles végétales ne sont pas concernées. Sur le banc des accusés, on retrouve les platanacées, les oléacées, les bétulacées… Si, comme moi, c’est cette dernière catégorie qui vous enquiquine, vous pouvez vous revendiquer « allergique au bouleau ». Ca fait sourire, souvent. Entre deux éternuements.
En me baladant dans les rues de Paris, en chaque début de printemps, j’ai pu remarquer que les symptômes s’intensifiaient selon que mes pas me portaient dans telle ou telle rue. Aussi, lorsque je suis retombée récemment sur une base de données de la mairie de Paris listant tous les arbres de la capitale, me suis-je dit: « Bon sang, il faut en faire une carte! » La voici, à l’issue d’un long travail de nettoyage et d’écrémage que je vous explique plus loin… Vous pouvez sélectionner les familles ou les arbres auxquels vous êtes allergiques afin de zigzaguer entre les obstacles lors de vos promenades printanières!
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Mais que fait la mairie de Paris?
Tous les arbres de Paris ne sont pas représentés: j’ai exclu ceux dont le « potentiel allergisant » est nul, selon la classification visible sur le site du Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA). Je n’ai gardé que ceux dont le pollen a la capacité à provoquer une allergie pour une partie non négligeable de la population. Si ce potentiel est faible ou négligeable, l’espèce « peut être plantée en zone urbaine », ajoute le RNSA. Lorsqu’il est moyen, elle « peut être plantée en petits nombres ». Lorsqu’il est fort, elle « ne peut pas être plantée en zone urbaine ».
Comment se fait-il qu’on en trouve autant dans les rues de Paris, et par grappes concentrées, dans ce cas? Peut-être ne s’agit-il que d’anciennes plantations? Que la mairie de Paris, concernée par cet enjeu de santé publique, remplace partiellement par des espèces au potentiel allergisant faible, pour diluer le problème… Regardons ce qu’il en est, en réintégrant les arbres au potentiel nul et en considérant l’année de plantation (quand elle est mentionnée), à partir de 1980. Admettons qu’avant cette date, les allergies n’étaient pas une question de santé publique… Surprise: dans les années 2010, les arbres dont le pollen présente un « potentiel allergisant » fort représentent toujours un quart des nouvelles plantations. Mention spéciale pour les platanes.
Contrairement aux recommandations du RNSA de les mélanger à des arbres ou arbustes qui font moins éternuer les citadins allergiques, pour diluer les particules les plus problématiques, on retrouve ces points rouges bien alignés le long de nombreuses avenues parisiennes, sur la carte. La mairie de Paris aime visiblement trop ses platanes pour y renoncer.
Dans les coulisses
Des bases de données…
Il faut toutefois remercier la mairie de Paris pour son effort d’ouverture: elle propose une base de données très riche au sujet des arbres des rues de la capitale. Trop riche peut-être, mais je ne voudrais pas avoir l’air de me plaindre. En réalité, elle en propose trois:
– les arbres d’alignement (90 000 items)
– les autres arbres, hors alignement (104 000)
– les arbres remarquables (222 000)
J’ai également utilisé la typologie des pollens au potentiel allergisant du RNSA, pour la croiser avec ces données. Ce Réseau propose aussi de suivre les alertes pollens par ville et par date. Un élément très utile pour prévoir votre consommation d’Aérius ou de Kestin…
J’ai d’abord essayé de réconcilier les trois bases de données parisiennes qui comprennent le nom latin de la plantation, sa situation exacte et (parfois) son année de plantation… Et j’ai fait exploser Google Spreadsheet, qui refuse qu’un « workbook » dépasse les 2 millions de cellules. S’en est suivi un laborieux travail d’écrémage de chacune des bases de données, dans Excel qui offre une stabilité plus rassurante. J’ai exclu les arbres d’Ile-de-France hors Paris, ainsi que ceux du Bois de Boulogne et de Vincennes, pour me concentrer sur Paris intra-muros.
Comme cela ne rentrait toujours pas dans les cases, j’ai fait une pause. Et j’ai réfléchi. Il n’est jamais trop tard… Puisqu’il s’agit de parler des arbres dont les pollens suscitent des allergies, autant exclure les arbres qui ne posent pas problème. Après tout, « en data, on ne monitore pas le bonheur », alors autant assumer.
… aux visualisations
J’ai alors pu réaliser la carte grâce à Carto et la deuxième partie avec Infogram. Je n’avais pas encore testé la nouvelle version de l’ex-CartoDB qui doit être prochainement généralisée, y compris aux « vieux » comptes. Une fois les premiers tâtonnements effectués, cet outil est toujours aussi formidable et permet d’ajouter des widgets qui interagissent avec les données cartographiées. Ce sont ces widgets qui vous permettent de filtrer les familles ou les arbres sur la carte de Paris. Atchoum!
[…] les requins et les allergies, j’espère vous parler bientôt de l’Eurovision. J’adore ce rendez-vous annuel. Vraiment. Je […]
bonjour, merci pour cette enquête, cependant j’ai remarqué que l’avenue de flandre où je vie est repérée sans arbres allergénes alors que le polène couvre régulièrement les rues et de nombreuses personnes souffrent.
merci encore pour votre enquête.
Bonjour et merci pour votre commentaire! Dans la carte, je vois pas mal de tilliacées au début de l’avenue de Flandre, mais je ne sais pas si ça pourrait correspondre. Je n’ai gardé que les arbres réputés allergènes d’après la classification du RNSA, dans la base de la mairie. Il se peut qu’il y ait des arbres réputés non allergènes mais dont les pollens sont tout de même gênants. Bon courage pour le reste de la saison!
Bonjour
Merci pour cette enquête, je peux la confirmer les yeux bandés ( surtout les maréchaux, les quais de seine et le quartier des gobelins) ! Je ne suis pas allergique au pollen juste aux petites boules en photo mais la pollution doit accentuer le phénomène, dans les villes du sud je n’ai pas le problème
Si un jour la mairie de Paris pouvait remplacer ce type d’arbre en plus cela fait moche cela cache la vue .
L’idéal serait en effet que la mairie remplace progressivement les arbres réputés allergènes par d’autres essences, ou au moins de diversifier les essences, sans créer de « barrières » de pollens le long des avenues ou des quais. Le RNSA a édité un petit guide que la ville de Paris ne semble pas avoir consulté! Dommage… 😉 http://www.pollens.fr/le-reseau/doc/Guide-Vegetation.pdf
Très beau travail sur lequel La Mairie de Paris pourrait s’appuyer pour améliorer le nez et la respiration des parisiens.
Bon boulot en espérant que cela ai un impact ! vivement le remplacement de ces fichus boules de poils !
[…] métropole… Comme on a tous nos obsessions, j’ai opté pour la base concernant les arbres, comme je l’avais fait pour Paris il y a (fort fort) longtemps. La base sur les aménagements cyclables me fait de l’œil, mais ce […]